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Pourquoi le créateur de ChatGPT lance sa monnaie numérique, le worldcoin

La nouvelle cryptomonnaie, baptisée “worldcoin”, de Sam Altman, le patron d’OpenAI, est disponible depuis le 24 juillet dans une vingtaine de pays, dont la France. Fondée sur un système d’identification à partir de l’iris de l’œil, elle fait déjà l’objet de nombreuses critiques.

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Courrier international
Sam Altman, PDG de la société d’intelligence artificielle OpenAI, à l’université de Tel-Aviv, en Israël, le 5 juin 2023. PHOTO JACK GUEZ/AFP

Le projet était dans les cartons depuis trois ans. Il s’agit en fait d’un double projet, explique The Times. D’une part, d’un outil capable de scanner l’iris de l’œil de tous les habitants de la planète afin de les identifier en tant qu’êtres humains et de les distinguer ainsi des robots animés par une intelligence artificielle, dont on nous promet la multiplication dans un très proche avenir.

D’autre part, d’une nouvelle cryptomonnaie qui pourrait un jour faciliter la mise en place d’un revenu universel de base – un concept dont Sam Altman, le patron d’OpenAI, la start-up à l’origine de l’agent conversationnel ChatGPT, s’est fait le champion.

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“Worldcoin vise à donner un accès universel à l’économie globale, quel que soit le pays ou le milieu d’origine. Il est conçu pour devenir le réseau financier et le réseau d’identitication humaine le plus vaste du monde. Telle est la modeste mission du dernier projet de Sam Altman”, résume The Times.

Concrètement, l’utilisateur doit commencer par prouver qu’il est bien un humain et pour cela se faire scanner l’iris. L’opération s’effectue par le biais d’un “orb”, un petit appareil biométrique que Worldcoin prévoit de mettre en circulation partout dans le monde et qui est déjà disponible dans quelque 35 métropoles, parmi lesquelles Londres et Paris.

En échange, il obtient un passeport numérique qui lui permet de réaliser des paiements et des transferts d’argent – et il se voit même octroyer gratuitement un jeton de worldcoin. Lundi dernier, être reconnu comme un authentique être humain était ainsi rémunéré un peu plus de 2 dollars.

 

Utopie ou dystopie ?

“Bien que Worldcoin ait des objectifs utopiques, il s’agit d’une entreprise commerciale financée par certains des plus grands noms de la Silicon Valley, souligne The Times. L’un des cofondateurs, le physicien Alex Blania, PDG de la start-up Tools for Humanity, explique que ce nouveau système d’identification va contribuer à faire monter la valeur du worldcoin.”

 

Pour le moment, quelque 2 millions de personnes ont déjà accepté de se faire scanner l’iris par l’un des 1 500 orbs de la taille d’une boule de bowling répartis dans une vingtaine pays. Et ce malgré les mises en garde lancées notamment par Edward Snowden, qui a tiré la sonnette d’alarme quant à ce projet dès octobre 2021.

 

https://twitter.com/Snowden/status/1451990496537088000?ref_src=twsrc^tfw|twcamp^tweetembed|twterm^1451990496537088000|twgr^e03c73bd70749e3bdaa6ea1c5730719ae9f4c6a1|twcon^s1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.courrierinternational.com%2Farticle%2Fcryptos-pourquoi-createur-de-chatgpt-lance-sa-monnaie-numerique-le-worldcoin

 

“Ne cataloguez pas nos globes oculaires !” a tweeté le célèbre lanceur d’alerte, qui soulignait que les données biométriques personnelles ainsi collectées sont potentiellement exposées à des risques de piratage.

 

Une foule de problèmes

Quelques mois plus tard, en avril 2022, une enquête très fouillée du site spécialisé BuzzFeed mettait en évidence les nombreuses zones d’ombre du projet. “Worldcoin, la société fondée par Sam Altman, affirme que son but est de réduire la pauvreté dans le monde, mais jusqu’à présent elle a provoqué la colère des personnes qu’elle prétend aider.”

Les “opérateurs d’orb” recrutés en Afrique, en Asie et en Europe, dont le travail consiste à scanner les iris des futurs utilisateurs, signalaient “une foule de problèmes” tant sur le plan technique qu’au niveau de la gestion du personnel et de la confidentialité des données. “Worldcoin affirme qu’une fois son système mis au point, il anonymisera les données biométriques des utilisateurs pour garantir leur confidentialité. Mais la société ne s’est pas engagée sur un calendrier précis.”

 

Pour sa part, Adam Schwartz, juriste de l’Electronic Frontier Foundation, une ONG de protection des libertés sur Internet établie à San Francisco, a souligné l’ambiguïté des objectifs de Worldcoin. “S’agit-il d’une société de cryptomonnaie ou d’un courtier en données ? Quoi qu’il en soit, la pratique qui consiste à payer les gens pour recueillir leurs données biométriques est très problématique du point de vue de la confidentialité et de l’équité.”

De son côté, le Financial Times note que les objectifs de Sam Altman risquent de se trouver contrecarrés aux États-Unis, où les régulateurs sont entrés en guerre contre l’industrie crypto. De fait, les jetons worldcoin ne sont pas pour l’heure disponibles dans ce pays, ce qui n’a pas empêché les investisseurs américains de placer jusqu’à présent quelque 250 millions de dollars dans le projet.