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Coca-Cola, sponsor des JO de Paris 2024 et toujours « champion du monde » de la pollution plastique

Selon le classement 2023 effectué par l’ONG Break Free From Plastic, la multinationale arrive en tête des déchets retrouvés dans l’espace public lors d’opérations de ramassage.

 

Par Stéphane Mandard

 

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Des déchets piégés dans un canal d’évacuation des eaux pluviales, à Rouen, le 28 mars 2023. LOU BENOIST / AFP

 

Le palmarès fait tache à moins de six mois des Jeux olympiques de Paris 2024, qui se revendiquent les plus écologiques de l’histoire. Coca-Cola, l’un de leurs principaux sponsors, reste le premier « pollueur plastique » du monde, selon le classement 2023, publié mercredi 7 février par l’organisation non gouvernementale (ONG) Break Free From Plastic.

 

C’est la sixième fois en autant d’éditions que la marque américaine, plus vieux partenaire du Comité international olympique, occupe la première marche du podium. Cette année, la célèbre marque de soda devance Nestlé et Unilever. Danone, la première entreprise française citée, apparaît dans le top 10, à la huitième place.

 

Ce classement est établi sur la base des détritus de plastique collectés lors d’opérations de ramassage organisées dans l’espace public (plages, rivières, parcs, forêts, rues…). En 2023, 250 collectes ont été réalisées dans 41 pays par près de 9 000 bénévoles d’une centaine d’associations. Avec une mission pas toujours évidente : identifier les marques derrière ces détritus. Ce sont 537 719 déchets plastiques qui ont ainsi été collectés et contrôlés.

 

Dans 40 des 41 pays audités

Coca-Cola établit un nouveau record avec 33 820 déchets contre un peu plus de 31 000 en 2022. Des déchets estampillés Coca-Cola ont été retrouvés dans 40 des 41 pays audités, contre seulement 30 pour son concurrent PepsiCo, qui le dépasse en volume – le critère du nombre de pays touchés est déterminant dans ce classement mondial.

 

La permanence de Coca-Cola en tête des marques les plus retrouvées dans les collectes de déchets percute la communication de la multinationale qui a lancé en 2018 sa campagne « Monde sans déchets ».

 

En 2018, la compagnie américaine a signé un accord avec la Fondation Ellen MacArthur et le Programme des Nations unies pour l’environnement. Elle s’était engagée à réduire de 20 % l’utilisation de plastique vierge d’ici à 2025 par rapport au niveau de 2019. Elle n’en prend pas le chemin. Entre 2019 et 2022, le volume d’emballages plastiques produit par le fabricant de sodas a continué à croître, passant de 3 millions à 3,43 millions de tonnes, et la part de plastique vierge a augmenté de 8 %, selon le dernier bilan annuel de la fondation. « Nous avons fait des progrès, mais il nous reste encore beaucoup à faire », indique Coca-Cola au Monde.

 

Bouteilles en verre, consignes et recyclage

Paris 2024, qui ambitionne de réduire de moitié l’empreinte carbone des Jeux, s’est engagé à diviser par deux la quantité de plastique à usage unique. C’est Coca-Cola qui gérera l’offre de boissons en tant que fournisseur officiel. Pendant la double quinzaine olympique et paralympique, près de 20 millions de boissons fraîches seront consommées sur les différents sites.

 

Pour contribuer à cet objectif, la marque mettra à disposition des bouteilles en verre pour la restauration sur place, prévoit de déployer environ 700 fontaines avec un système de gobelets consignés et de recycler toutes les bouteilles plastiques qui seront distribuées. « Cet audit appelle à une forte vigilance sur la production de déchets plastiques à l’occasion des Jeux olympiques, dont Coca-Cola est l’un des plus gros sponsors », commente Muriel Papin, déléguée générale de No Plastic in My Sea, l’ONG qui a supervisé la partie française du rapport.

Pour les déchets collectés en France, Coca-Cola arrive en troisième position. Quatorze ramassages ont été organisés en bordure de mer, de rivière ou en milieu urbain, à Frontignan, Marseille, Boulogne-Billancourt ou encore Orléans. Ils mettent en évidence une pollution plastique majoritairement due aux bouteilles plastiques et aux mégots de cigarette. Avec 849 déchets identifiés (sur un total de 5 800), le groupe Alma (Cristaline, St-Yorre, Chateldon, Vichy Célestins…) arrive largement en tête du classement français devant le fabricant de tabac Philip Morris (451 déchets) et Coca-Cola (390). Danone (Evian, Volvic, Badoit) se classe en 7e position.

 

Eau en bouteille polluée

Alma, à l’instar de Nestlé (Vittel, Hépar, Perrier…), fait partie des minéraliers épinglés par l’enquête du Monde et de Radio-France comme ayant vendu pendant des années une eau « de source » ou « minérale naturelle » après avoir utilisé des techniques de purification interdites. En janvier, une étude publiée dans la revue scientifique PNAS avait révélé de surcroît que l’eau en bouteille était polluée par une quantité jusqu’ici insoupçonnée de particules de plastique : environ 240 000 nanoplastiques par litre d’eau.

 

« Alors que Gabriel Attal a annoncé dans son discours de politique générale une action sur les cinquante sites industriels qui produisent le plus d’emballages plastiques, le classement des plus gros pollueurs plastiques révèle le poids de la bouteille plastique, avec Cristaline (groupe Alma) et Coca-Cola dans le top 3 des pollueurs plastiques en France », commente Muriel Papin.

 

Avec les associations Zero Waste France, France Nature Environnement, Les Amis de la Terre et Surfrider Foundation, la responsable associative appelle à « l’application ferme » de la loi antigaspillage. A défaut, quatre ans après sa promulgation, le 10 février 2020, l’objectif de réduction de 50 % des bouteilles plastiques mises sur le marché à l’horizon 2030 (par rapport à 2018) restera hors d’atteinte.

 

Par Stéphane Mandard